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Culture
Le meilleur de deux mondes

Le meilleur de deux mondes

Saarlouis en Sarre est peut-être la ville la plus française d'Allemagne ; partons à la découverte.

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© Oliver Raatz

Nous arrivons à Saarlouis en début d'après-midi et faisons le tour de la vieille ville ; et en effet, la rumeur dit vrai. À première vue, tout ici pourrait se trouver quelque part en France : la petite place ombragée où nous nous sommes garés, avec ses grands arbres à feuilles caduques. Autour, les façades avec leurs étroits balcons forgés. Et les gens assis aux terrasses des cafés. Nous cherchons une table libre au soleil, commandons un café et nous informons un peu au sujet de cette ville allemande aux racines françaises.

Une histoire mouvementée

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© Oliver Raatz

Si vous regardez les anciens plans dessinés de la ville fortifiée, Saarlouis ressemble à une étoile militaire vue du ciel : une ville disposée en hexagone avec six bastions, qui, soit dit en passant, a été construite par nul autre que Louis XIV par l'intermédiaire de son maître d'œuvre Vauban, en 1680, après que la Lorraine soit tombée aux mains de la France. Il s'agissait donc de sécuriser la frontière orientale de la France. Les habitants de Saarlouis ont changé de nationalité à plusieurs reprises. La ville est devenue prussienne, puis elle a appartenu au territoire douanier français après la Seconde Guerre mondiale. Et finalement, elle a été réincorporée avec la Sarre dans la République fédérale. Dans quelle mesure tout cela a-t-il marqué la ville ? Nous faisons une visite guidée avec Gilbert Jaeck, un Français qui y réside depuis plusieurs décennies.

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© Oliver Raatz

Bienvenue - Les contrastes s'attirent

« Si vous étiez venus il y a 340 ans », nous dit-il, « je vous aurais salués en français : Bienvenue à Saarlouis ! Parce que cette ville a appartenu à la France pendant plus de 100 ans, et cela nous a marqué, bien entendu ». La visite commence par l'hôtel de ville de Saarlouis, un bâtiment allemand d'après-guerre des années 1950 où sont accrochées, entre autres, de précieuses tapisseries françaises du XVIIe siècle. L'Allemagne et la France réunies dans leurs contrastes comme c’est souvent le cas à Sarrelouis.

Le charme français ?

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© Oliver Raatz

En tant que Français de souche, notre guide Gilbert apprécie tout particulièrement la proximité géographique avec la France : « Nous trouvons de nombreux produits français dans nos supermarchés », dit-il, « et je peux aussi traverser la frontière à tout moment pour aller acheter du vin ou du fromage ». Gilbert nous fait découvrir les coins les plus passionnants de son pays d'adoption. Après l'hôtel de ville, nous nous rendons à l'église Saint-Louis qui, comme l'hôtel de ville, se situe sur la grande place du marché, l'ancien terrain de parade des Français. Aujourd'hui, c'est jour de marché ici. Le reste du temps, la place sert de parking.

Une église en béton protecteur

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© Oliver Raatz

Mais revenons à l'église Saint-Louis, un véritable trésor de Saarlouis. Entrés par la tour néo-gothique, nous nous retrouvons avec stupéfaction dans un lieu de culte qui ne correspond pas du tout à l'entrée : la nef néo-gothique avait subi des dommages pendant la guerre et présentait des défauts statiques ; elle a donc dû être fermée en 1965. Le nouveau vaisseau central de l’église Saint-Louis a été construit à la fin des années 1960 selon un plan de Gottfried Böhm, et il est extraordinaire. Car dans le bâtiment de style brutaliste, les murs en béton apparent, qui se déploient dans la partie supérieure pour former une sculpture cubique, les vitres modernes et le maître-autel néo-gothique forment des contrastes surprenants. La nef semble offrir un abri sûr et solide, aux accents délicats et fragiles, et possède une aura unique et touchante. Gilbert nous jette un regard et sourit : il sait l'effet que ce bâtiment inhabituel a sur les visiteurs.

Le plaisir en Sarre

Nous continuons vers le plus long « bar » de la Sarre : de nombreux restaurants internationaux se sont installés dans les anciennes casemates de la forteresse française, une paisible reconversion de l'installation militaire qui a été démantelée à la fin du XIXe siècle. Nous traversons la « porte allemande », passons devant de vieux canons et nous promenons à travers les vestiges du grand complexe fortifié. Alors qu'il était autrefois bien gardé, les jeunes s'amusent aujourd'hui à faire du skateboard sur des espaces ouverts apparemment surdimensionnés. Des tiges d'acier Corten aérées marquent le tracé des murs, transformant cette partie de la ville en une sorte de musée à ciel ouvert. Et à l'intérieur de l'ancienne forteresse, nous prenons place sous des arbres feuillus.

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© Oliver Raatz

Quel bonheur que Saarlouis ne soit plus depuis longtemps pomme de discorde. La joie de vivre et la légèreté se manifestent souvent exactement là où les murs étaient autrefois les plus épais. Saarlouis ne sera jamais aussi élégante que d’autres villes françaises ; son passé est trop militaire, les destructions de la Seconde Guerre mondiale ont été trop importantes. Mais en tant que symbole vivant de la paix entre l'Allemagne et la France, de l'unité de l'Europe, cette ville mérite le détour. Nous nous arrêtons dans le petit jardin de Gilbert et de sa femme, pour boire un verre de Crémant (qui a sûrement été importé directement de France par Gilbert lui-même) dans l'ancienne écurie de la maison datant du XVIIe siècle (de l'époque française !). Puis nous allons déguster une quiche lorraine dans la vieille ville. Au-dessus de la maison où est né Michel Ney, maréchal sous Napoléon, deux drapeaux flottent : l'allemand et le français.

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© Oliver Raatz

Pour de plus amples informations au sujet de Saarlouis, cliquez ici (https://www.rendezvous-saarlouis.de et www.saarlouis.de)

Photos: Oliver Raatz

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